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La Communication et le Langage

PARLER SANS COMMUNIQUER, COMMUNIQUER SANS PARLER.

Je trouve important de bien rappeler cette différence, la communication et le langage sont deux entités, deux processus bien distincts même s’ils sont souvent associés.

Qu’est-ce que la communication ?

Pour moi la communication le fait de transmettre à une personne un besoin ou une information.

Communiquer suppose d’être au minimum deux personnes, d’avoir une nécessité de le faire et surtout d’avoir un moyen pour le faire. Et c’est dans ces trois points que les difficultés apparaissent pour les personnes avec autisme.

Etre deux personnes, implique avoir conscience de l’autre, le prendre en considération, le savoir utile…

Avoir une nécessité, c’est comprendre que cet autre peut nous apporter ce dont nous avons besoin.

Enfin avoir un moyen de le faire, c’est pouvoir parler ou utiliser l’écrit, les gestes, les photos, les pictogrammes ou pourquoi pas un synthétiseur vocal.

Au départ, l’enfant apprend à communiquer des besoins primaires que sont par exemple, la faim, la soif, être mouillé. Le bébé va notamment utiliser les pleurs pour communiquer ses sensations désagréables. Par la suite, l’enfant va communiquer des besoins spécifiques, vouloir un objet ou encore avoir mal. Puis la communication deviendra plus complexe, pour communiquer un événement, transmettre des informations, des émotions ou un état (je suis content, je suis fatigué).

Et le langage alors, c’est quoi ?

Et bien le langage c’est un moyen de communiquer.

Trop souvent, j’entends des personnes faire un raccourci en pensant qu’une personne qui parle, communique de fait. Ce n’est pas si certains. Je connais des enfants avec autisme qui possède le langage verbal, qui présente des écholalies ou qui peuvent répéter sur demande, mais ne sont pas en mesure de communiquer des besoins primaires ou spécifiques de façon spontanée.

Il est également important de différencier :

  • Le langage expressif (le fait de parler)
  • Le langage réceptif (le fait de comprendre le langage oral)

Les performances à ces deux versants peuvent être très différentes. Par exemple, un enfant peut vous désigner le feutre rouge, mais être dans l’incapacité de le nommer.

Bien qu’il soit essentiel de travailler l’acquisition du langage verbal, je pense qu’au final la priorité doit être l’acquisition de la communication quelque soit le moyen utilisé par la personne. Communiquer, c’est accéder à davantage d’autonomie d’une part et d’autre part un moyen d’accéder à la relation à l’autre.

LES ÉTAPES D’ACQUISITION DU LANGAGE

De la naissance à 6 mois : On voit apparaitre le contact oculaire, les manifestions émotionnelles, les premières vocalisations

3 mois : il y a le babillage

De 6 à 12 mois : L’enfant réagit à son prénom, il peut attirer l’attention sur lui, il peut toucher la main de l’adulte pour obtenir un objet qu’il veut.

8 mois : attention conjointe puis vers 12 mois l’attention conjointe avec pointage.

De 18 à 24 mois : La communication verbale s’installe avec les premiers mots, le vocabulaire augmente et on voit l’association des mots entre eux.

De 24 à 36 mois : Le vocabulaire se développe, la syntaxe apparaît, l’enfant connaît plus d’une dizaine de mots.

On voit bien dans ces étapes du développement qu’avant le mot, il y a des pré-requis nécessaires, ce que l’on appelle les précurseurs de la communication et c’est par là qu’il faut commencer l'apprentissage de la communication. C'est pré-requis sont le contact visuel, l’attention conjointe et l’imitation.

LES DIFFICULTÉS DE LANGAGE QUE L’ON PEUT RENCONTRER DANS LES Troubles du Spectre Autistique.

  • Un langage absent ou bizarre (écholalies, vocalisation, jargon, dysphasie,…)

  • Des difficultés de généralisation. En effet, un enfant peut utiliser le langage à la maison, mais rester mutique à l’école. Pour un autre enfant, une consigne doit être identique sinon elle ne signifie pas la même chose, il s'agit d'une sorte d’immuabilité du langage.

  • Des difficultés de compréhension du langage oral

  • Des difficultés d’adaptation à l’autre

L’EVALUATION DE LA COMMUNICATION

Pour mettre en place une méthode d’apprentissage de la communication et/ou du langage, il faut commencer par savoir où en est l’enfant. Je ne le dirais jamais assez, il faut partir des émergences de l’enfant et par conséquent faire une évaluation.

Comme souvent, la première évaluation passe par l’observation des capacités communicationnelles de l’enfant. Il faut notamment observer :

  • la forme de communication utilisée (verbale, non verbale….)
  • le contexte (lieu, personne…)
  • son degré de fonctionnalité (besoins primaires, spécifiques)
  • noter si la communication est spontanée ou sur incitation de l’adulte

Ensuite il faut évaluer le langage dans ses deux aspects :

  • Le versant expressif (la nomination)

  • Le versant réceptif (montre moi ou donne moi) et il faut vérifier en cas de difficultés si la compréhension est améliorée par un geste ? un objet ? une photo ou encore un pictogramme ?

Il existe également des outils spécifiques utilisés par les orthophonistes ou les psychologues, comme par exemple :

  • COMVOOR

    • Il permet de déterminer la forme de communication la plus adaptée à l’enfant et d’évaluer son niveau de compréhension.

  • ECSP (de la naissance à 30 mois)

    • Cette échelle évalue l’interaction sociale, l’attention conjointe et l’ajustement en terme de réponse, d’initiation et de maintien.

  • N-EEL (Nouvelles Epreuves pour l’Examen du Langage)

    • Bilan complet des constituants du langage ainsi que des processus cognitifs en jeu dans l’apprentissage du langage. Il existe une version pour les petits 4-6 ans et une version pour les grands 6-8 ans.

  • BILO : Bilan Informatisé du Langage Oral des tout-petits (de 3 ans à 5 ans)

    • Ce bilan évalue le fonctionnement linguistique

  • ELO : Evaluation du Langage Oral (de la PS au CM2)

    • Bilan oral complet comme le vocabulaire ou la phonologie, la production et la compréhension.

Je ne saurais que trop vous conseiller d’évaluer et de travailler le langage et la communication avec les orthophonistes, plus à même de vous aider dans ce domaine.

LES MÉTHODES D’APPRENTISSAGE

Je n’évoquerais dans cet article que les méthodes recommandées par les HAS-ANESM. J’ajouterais qu’à mon sens, il faut choisir une méthode parce qu’elle peut convenir à l’enfant et que pour ce faire, il faut avoir réaliser une évaluation.

  • ORTHOPHONIE

Il est pour moi une évidence de mettre les suivis orthophoniques en première place. Ces professionnels sont les plus compétents dans ce domaine.

  • PECS

Méthode de Communication par images. Le PECS est, soit un moyen de communication augmentatif c'est-à-dire qu’il s’agit d’un support au langage oral, soit il est alternatif et devient alors un moyen de communication à part entière.

  • MAKATON

Méthode associant l’oralisation, les pictogrammes et les signes.

  • LSF

C’est la langue des signes. Elle me parait plus difficile pour un certain nombre d’enfants avec autisme car les signes sont souvent abstraits.

  • ABA-VB

Cette méthode issue de la méthode ABA, utilise la motivation naturelle de l’enfant avec autisme pour l’encourager à communiquer pour obtenir quelque chose, que cette communication soit verbale, gestuelle ou par pictogramme. Il s’agit d’apprendre à l’enfant avec autisme que communiquer à une conséquence positive et agréable.

  • L'utilisation de tablette numérique et d'applications

COMMENT FACILITER LA COMMUNICATION DE L’ENFANT AVEC AUTISME ?

La première chose, c’est de se rappeler que pour la personne avec autisme, communiquer est un processus complexe, qui ne va pas de soi. Il est donc important de trouver les moyens d’aider la personne à comprendre ce qu’on attend d’elle. On peut utiliser le langage mais aussi y associer des gestes ou des supports objets, photos, images ou pictogrammes.

Il faut parler avec des phrases courtes, simples et avec un débit plus lent, parfois avec une tonalité plus faible ou au contraire plus forte, tout dépend de son fonctionnement sensoriel. Pour certains enfants ayant de très grosses difficultés de langage, un seul mot pour une consigne suffit. Ainsi certains enfants avec autisme comprendront plus facilement le mot ASSIS que la phrase « VIENS T’ASSOIR », la consigne « DONNE VERRE »sera plus facile que « DONNE MOI LE VERRE S’IL TE PLAIT ». D’autre part, il est important de laisser un temps de latence assez long avant d’obtenir ou pas une réponse et de répéter la consigne. Répéter une consigne peut avoir un effet perturbateur pour l’enfant.

Il est également important d’accentuer les mimiques faciales notamment pour aider à reconnaître et comprendre les émotions. Par exemple, dire « c’est bien » ou « bravo » aura plus d’impact si on ajoute un très grand sourire et des applaudissements. Il faut garder à l’esprit que pour beaucoup de personnes avec autisme, le visuel est mieux compris que le verbal car il est plus concret.

Il est également important de garder la même consigne quelques soient les lieux ou les personnes. Si on apprend à l’enfant la consigne «DONNES», il est important de se mettre d’accord sur la consigne car pour un enfant avec autisme « DONNE » ce n’est pas la même chose que « DONNES MOI », que « PEUX TU ME DONNER » ou que « JE VEUX ».

Il faut également faire attention à l’utilisation des pronoms. Le TU et le JE, ne veulent souvent rien dire. L’utilisation des prénoms peut être mieux compris.

Les enfants avec autisme vont souvent comprendre un seul mot dans une phrase. Par exemple, un enfant comprend le mot MANTEAU. Au moment de sortir, vous lui dites « METS TON MANTEAU» il peut le mettre parce qu’il vous voit porter le votre et comprend le contexte. Si maintenant, vous prenez le même contexte mais que vous changiez la consigne « DONNES TON MANTEAU », ne soyez pas surpris qu’il mette son manteau quand même.

De la même façon, les enfants avec autisme ont du mal à comprendre les négations. Dans la consigne « NE COURS PAS » ils reconnaîtront et comprendront le mot « COURS » et vous aurez l’effet inverse de ce que vous attentiez. Utiliser des formes affirmatives comme « MARCHE » peut être plus compréhensible.

Attention aussi à l’aspect sensoriel, un enfant avec une hypersensorialité auditive, peut ne pas supporter votre voix, qu’il percevra trop forte ou ayant une fréquence désagréable. Il peut également être gêné par des bruits environnants. S’il n’a pas d’aide visuelle ou gestuelle pour soutenir la consigne, il peut ne pas comprendre ce qui lui est demandé.

Un enfant avec autisme qui ne comprend pas ce qu’on attend de lui, va ressentir de l’anxiété et/ou du désarroi et manifester alors des comportements inadaptés.

Pour faire simple, je dirais que pour travailler la communication et le langage, il faut :

  • Evaluer l’enfant pour savoir où commencer

  • Choisir une méthode de communication adaptée

  • Adapter notre propre langage à cet enfant

  • Ne pas hésiter à utiliser des aides gestuelles et visuelles

  • Débuter par l’apprentissage d’une communication que je dirais fonctionnelle, obtenir quelque chose », « aide moi », « oui », « non »

  • Tenter de généraliser cette méthode de communication à tous les lieux de vie de l’enfant

Et surtout de féliciter, renforcer les efforts de l’enfant qui communique et/ou parle.

Tag(s) : #Dossiers
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